Conférence Harkis 2024

Vendredi 26 avril 2024, à l’hôtel Viguier du Roy, nous avons eu le plaisir d’accueillir Malika Tabti Vice-présidente de l’association Soraya, qui nous a présenté l’histoire des Harkis et plus particulièrement l’histoire de sa famille..

L’Histoire des Harkis est intimement liée à la guerre d’Algérie, qui a duré du 1er novembre 1954 au 5 juillet 1962. Pendant ces 8 années, près de 250 000 Harkis ont été recrutés par l’armée française, en tant que « supplétif ». Découvrons leur histoire…

Les Harkis ont été recrutés dans différentes régions d’Algérie, en fonction des besoins de l’Armée française. Mais la plupart venaient des régions rurales et montagneuses du Nord de l’Algérie, où la présence française était la plus forte et les combats les plus intenses.

1.La Kabylie : une région montagneuse du Nord de l’Algérie, où l’armée française a recruté activement des Harkis, en raison de son importance stratégique pendant la guerre.

2.L’Oranie : Située à l’ouest de l’Algérie, cette région était un lieu de recrutement important pour les Harkis, en raison de sa proximité avec les zones de combat et des tensions entre les communautés algériennes pendant la guerre.

3.La région d’Alger : la capitale algérienne et ses environs étaient des zones où l’armée recrutait beaucoup, pour fournir un soutien logistique et de renseignement.

Origines sociales :

Les Harkis provenaient de différents milieux sociaux, mais la plupart étaient issus de milieux modestes ou ruraux. Dans les zones rurales, le recrutement était facilité par la proximité avec les unités militaires françaises. Les autorités françaises ont fait de nombreuses promesses aux Harkis : protection, citoyenneté, réinstallation en France avec leurs familles en cas de défaite… La plupart n’ont pas été tenues.

.Quelles missions pour les Harkis ?

Les Harkis ont été recrutés pour diverses tâches au sein de l’armée française : le combat aux côtés des soldats français, mais aussi le renseignement, les fonctions d’interprète et de médiateur avec les populations locales, la logistique : transport de matériel, construction de fortifications, préparation des repas… La surveillance et la protection des sites militaires.

.Pourquoi les Harkis ont choisi d’être aux côtés de la France ?

C’est la grande question qui reste encore très débattue :

En fait, il y a de nombreuses raisons. Mais, il ne faut pas oublier que le recrutement des Harkis s’est fait dans un contexte de guerre, parfois sous la contrainte. Les facteurs qui ont influencé l’engagement des Harkis sont donc multiples.

Des raisons patriotiques : c’est-à-dire la fidélité à la France. Certains Harkis étaient d’anciens combattants. Pour eux, la France incarnait l’ordre versus le chaos, avec le FLN.

Des raisons économiques : issus de milieux modestes, certains Harkis ont vu une opportunité de toucher une solde pour faire vivre leur famille, dans des régions rurales où la pauvreté avait été accentuée par la guerre.

Des raisons de survie : beaucoup de Harkis avaient le sentiment d’être pris entre deux feux. D’un côté, les exactions et les menaces du FLN, de l’autre : la pression de l’armée française qui forçait parfois les jeunes algériens, à rejoindre la Harka de leur village. Ce fut le cas de son père qui a été recruté de force.

.L’abandon des Harkis et ses conséquences :

Les Harkis vont être désarmés par l’armée française et abandonnés à leur sort. Heureusement, certains officiers qui avaient vécu la même situation en Indochine avec leurs supplétifs, ont refusé d’abandonner une nouvelle fois leurs hommes. Hélie de Saint Marc le raconte très bien dans son livre : « Les champs de braises ». Ils vont organiser des opérations d’évacuation, pour rapatrier en France les Harkis et leurs familles. Environ 40 000 harkis ont pu quitter l’Algérie pour la France, en fait 90 000 en comptant leurs familles.

En revanche, de nombreux Harkis vont être massacrés par le FLN, considérant qu’ils étaient des traîtres pour avoir collaboré avec l’armée française. Si les historiens ne sont pas tous d’accord sur les chiffres, on estime entre 70 000 et 150 000, le nombre de Harkis exécutés après 1962. D’autres seront internés dans des camps de détention, où ils seront torturés, voire tués.

.L’installation en France

Dans le film de Sarah Djafour « N’en parlons plus », un fils de Harki témoigne en ces termes : « On était loin d’imaginer qu’après avoir tout perdu, on allait nous enfermer dans des camps ». Un bon résumé de la tragédie qui attend les Harkis. Pour les 90 000 harkis qui rejoignent la France (en comptant les familles), si une moitié se disperse dans l’Hexagone, une autre se retrouve parquée dans des camps de « transit », entourés de barbelés. Ils vivront dans des conditions indignes : logés sous tentes même en hiver, soumis à des couvre-feux, surveillés par des gardiens, sans avoir la possibilité de travailler ou de sortir du camp librement.

Les plus connus sont les camps de Rivesaltes, dans les Pyrénées-Orientales, qui a été l’un des plus grands camps de transit, le camp de Saint-Maurice-L’Ardoise dans le Gard (où ma famille a été enfermée durant xx mois), celui de Bias dans le Lot-et-Garonne : l’un des plus

durs, où les Harkis qui protestaient contre leurs conditions étaient envoyés à l’hôpital psychiatrique de la Candélie (Agen). Également, les camps de Bourg-Lastic dans le Puy-de-Dôme et celui de Larzac, qui a été le théâtre de mouvements de revendication de la part des Harkis.

Beaucoup de camps manquaient d’infrastructures de base : comme l’eau courante, l’électricité, le chauffage (l’hiver 1962, il y a eu plus de 40 jours de gel) et des sanitaires décents. En plus, les harkis et leurs familles avaient un accès limité aux soins et les installations médicales étaient souvent insuffisantes..

Des dizaines de nouveaux nés ou très jeunes enfants morts lors de leur passage dans les camps de Harkis gérés par l'armée en France ont été enterrés sans sépulture décente par leurs proches ou par des militaires, dans les camps ou à proximité, dans des champs, et pour la grande majorité, sans plaque avec leur nom. 

La sœur de Malika, du même prénom décèdera de la rougeole à l’âge de 18 mois. La découverte d’un document confidentiel aux Archives départementales du Gard obligera le gouvernement d’Emmanuel Macron, à lancer des fouilles.

Le cimetière de St Maurice l’Ardoise est l’localisé en 2022.

Les familles attendent désormais des tests ADN pour permette aux familles qui le souhaitent de récupérer leurs défunts.